dimanche 5 octobre 2014

Arrivée d'Antoine au Puy en Velay


Puy en Velay, 6h30 :

Mon alarme n’a pas sonné deux secondes, mon sommeil était resté en surface durant ma nuit dans la cage d’escaliers, on ne dort jamais beaucoup quand on risque l’expulsion. Deux minutes plus tard, j’étais dans la rue, encore en train de fourrer mon sac de couchage à la hâte. Le jour s’extirpait à peine, c’est drôle, j’étais sûr que l’aube venait plus tôt, mes connaissances en heures matinales étaient plutôt sommaires, théoriques.
Mon grand-père m’avait donné rendez-vous à 7h à l’appart-hôtel des capucins. Je n’avais pas la moindre idée de son emplacement et la ville peinait à s’éveiller. Là, des agents municipaux arrosaient des fleurs :

La rue des capucins, c’est un peu loin d’ici, quand même.

- Je vais sur le chemin de Compostelle, je pense pouvoir marcher jusqu’aux capucins.

- Alors, oui, vous pouvez le faire sans problème ! Vous traversez le pont jusqu’au fond de la rue puis tournez à droite jusqu’à l’avenue et, à un moment, ce sera sur votre gauche.

J’interrogeai deux autres personnes par habitude des informations contradictoires, mais toutes les versions corroboraient, ç’allait être facile. La rue des capucins comptait ses premiers pèlerins, principalement des sexagénaires raisonnablement chargés. Mon téléphone sonna au moment où j’arrivais devant l’hôtel :

- Oui papi ?

- Je te vois, avance un peu et tu trouveras l’entrée sur ta droite.
  Je levai les yeux au grand-père juché sur une muraille et souris : « Ah oui, tiens, coucou      papi. »

 Arrivé à son niveau, on se fit la bise, combien de temps depuis qu’on s’était vus ? Trois  ans, facile. Il n’avait pas changé d’un cheveu, pas d’une ride.

- J’étais avec ta mamie au téléphone, hier. Elle se faisait un sang d’encre. Elle a dit que tu étais comme ton père, qu’on ne pouvait pas compter sur toi.

- Et pourtant je suis là, pile à l’heure, cinq minutes en avance, même. La fiabilité même!

- Oui mais tu connais ta grand-mère, elle s’inquiète toujours pour rien. Tu as mangé ?

Pas depuis le déjeuner de la veille, il me proposa de prendre un petit déjeuner au restaurant de l’hôtel. J’engloutis tartines et céréales, œuf dur et chocolat, et puis des fruits. Ne voulant pas nous retarder, je finis en dix minutes, remerciai serveuse et réceptionniste puis suivis papi Camille dans son dortoir où il avait laissé ses affaires.
- Tiens, me dit-il en me tendant un sac à dos bleu, tu m’as dit que tu n’avais pas de sac de marche.

Quand il m’avait dit avoir un sac de 20 litres à disposition, je me figurais pouvoir y mettre vingt bouteilles d’un litre, même si l’idée de se trimballer avec autant de bouteilles pour une telle randonnée était ridicule. Il était minuscule, pas assez large pour le quart de ce que je transportais. Je me retrouverais à marcher avec un sac d’école inadapté pour la marche et l’autre, bien trop petit, complètement facultatif.
- Euh… Merci papi, je pourrai toujours l’utiliser comme sac ventral.

Il était quand même trop gros pour voir mes pieds, j’aime bien voir mes pieds quand je marche sur les sentiers. Il ne restait qu’à le sangler à l’incommode, j’y conserverais les provisions, elles seraient plus accessibles, c’était déjà ça.
(voir mon précédent pèlerinage en 2013)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire