dimanche 5 octobre 2014

La Chapelle Saint-Roch

Je n’avais lu que Globalia que j’avais trouvé correct mais, pensant moi aussi à écrire sur le Chemin, une question se posait tout naturellement : qu’écrire sur des journées de marche et de discussions passagères ? Sûrement des phases introspectives, des réflexions sur le sens de la vie, peut-être, mais sur deux mois de pèlerinage, chaque instant ne pouvait pas être intéressant. J’éprouvais une profonde admiration pour ceux qui arrivaient à tirer beaucoup de pas grand-chose, des bribes de vies dans lesquelles les lecteurs pouvaient se retrouver ou se situer. Moi, je racontais surtout le notable, certaines situations étaient tellement extraordinaires qu’il fallait romancer le moins possible, par honnêteté, par devoir vis-à-vis d’événements que certains prétendaient déjà qu’ils étaient inventés.
J’aurais aimé employer une licence artistique, enjoliver mes phrases pour des aventures plus littéraires, c’était risquer me décrédibiliser. C’était trop important de témoigner du monde tel qu’il est, ou tel que je l’ai vécu, après un certain nombre d’expériences c’est pareil. Camille ajoutait qu’il n’avait pas apprécié la dimension spirituelle d’un Ruffin devenant progressivement croyant pour se convertir au bouddhisme au terme du pèlerinage.
A quel point faut-il être instable, à quel point faut-il être anxieux pour se réfugier dans une croyance. Je jugeais Ruffin sans le connaître ni même l’avoir lu, près de le qualifier d’affabulateur, puis je me rappelai mon premier journal de voyage, celui que je complétais chaque fois que je trouvais une bibliothèque en Angleterre, en Ecosse. Sans style ni accent, j’épiloguais sur la morsure du voyage, expliquais être tombé dedans pour de bon et que jamais il ne s’arrêterait.
A l’époque, c’était un mensonge, j’avais tout juste commencé mes études, je voyagerais durant les vacances. Je souris à la pensée que j’y étais parvenu, finalement, au voyage continu, quatre ans après mes mots, quatre ans avant aujourd’hui. La réalité s’était calée sur la fiction. Que diable allais-je pouvoir écrire sur le chemin ?

La Chapelle Saint-Roch
Nous atteignîmes bientôt la chapelle Saint-Roch, petite bâtisse apparemment peu fréquentée, je posai mon sac pour y entrer. Un oiseau avait fait son nid sur le crucifix principal, contre l’épaule du Christ. De la musique religieuse était diffusée en continu, elle n’apportait rien, je préférais les lieux de culte muets. Je m’assis tout de même sur un banc et mis mes mains en prière :

Notre Père qui êtes aux cieux, au nom trop souvent mal employé, je voudrais déposer une prière pour Geneviève de Sainte-Geneviève, qu’elle ne vive que des jours heureux, elle le mérite, vous savez ? Et si tu pouvais filer des coups de pouce à tous ceux qui m’ont aidé jusque là. Moi, j’aurais pas assez de temps pour tous leur rendre la pareille. Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, Amen.
                                                                   

               




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