dimanche 5 octobre 2014

Le jour d'avant Compostelle

Saint-Privat d’Allier
On investit la terrasse d’un bar baignant dans le soleil pour continuer la conversation, il était encore tôt, près de 15h. J’expliquais n’être techniquement pas du tout préparé au chemin. Non seulement mon sac n’était pas fait pour la randonnée, je transportais aussi – et associai le geste à la parole – cet ordinateur portable de cinq kilo. Ses yeux s’écarquillaient, elle ne put réprimer un sourire aussi large que moqueur :
  • Mais, tu es stupide !
  • J’apprécie ta franchise, répondis-je en riant.
Je n’avais pas trouvé où poser la machine, la remplacer par un ultraportable le temps de la randonnée, et comme je n’avais pas de maison, j’étais bon pour porter ce fardeau tout du long. Le reste était léger, mon sac ne devait pas peser plus de dix kilo, du moins le présumais-je. Elle était surprise de mon voyage avec le grand-père et ses 78 ans, davantage quand je lui dis que nous allions faire du couchsurfing ensemble. Ne se rappelant pas l’avoir vu et piquée par la curiosité, elle décida de l’attendre pour voir le marcheur vietnamien qui lui paraissait bien courageux.
  • Au fait, je m’appelle Antoine. (Je dus la reprendre un peu sur la prononciation.)
  • Moi, en français, on m’appelle Brigitte.
  • Birgitte en danois ? (Oui, c’était ça.)
Camille nous rejoignit rapidement et me prêta son téléphone pour appeler Isabelle, chez qui nous allions passer la nuit. J’avais une légère appréhension, ce serait la toute première expérience du papi chez l’habitant. Répondeur, la pression montait, un plan foireux saborderait définitivement les possibilités d’hébergement chez l’habitant. Parmi nos voisins de terrasses, des rumeurs circulaient que les gîtes de la prochaine étape étaient tous complets, quelques coups de fil le confirmèrent. Seul le camping municipal disposait d’un chalet de sept places sans réservation, ce serait aux premiers arrivés, comme en Espagne.

Le jour d’avant Compostelle

Tours – 14h
Le TARDIS venait tout juste de tomber hors du vortex spatiotemporel quand sonna mon téléphone. Le Docteur attendrait un peu avant de remédier à la situation, Sandra, contre qui je me blottissais durant l’épisode, et parfois sans épisode, attendrait aussi.
  • Pierrot ?
  • Oui, Antoine, commença-t-il, t’es où ? Papi s’inquiète de ne pas pouvoir te joindre, il est arrivé au Puy en Velay et ne sait pas où tu es.
Temps de digestion de l’information, avais-je failli à mon devoir ? Il me semblait pourtant lui avoir indiqué que je n’arriverais qu’au soir. Puis, ayant mon numéro, il pouvait m’appeler à loisir plutôt que de passer par mon cousin.
  • En tout cas tu devrais l’appeler, il est un peu agacé.
Je raccrochai (non sans avoir ajouté un « Ok, bisou, merci d’avoir appelé » mais ça fait plus série américaine de ne pas l’inclure dans l’histoire) appelai le grand-père immédiatement puis m’adressai à son répondeur :

  • Bah alors papi, tu perds la tête? Je t’ai envoyé un message hier pour te dire que j’étais en Bretagne et que je ne pouvais pas être au Puy avant aujourd’hui. Je suis arrivé à Tours hier minuit et bouge dans l’après-midi. Ne t’inquiète pas, demain, sept heures, on part sur le Chemin de Compostelle, comme prévu. Allez, bisous, grand-père la boule !

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