Des voitures et des bites
Après que le
Docteur eut sauvé la planète d’une énième invasion et que je vérifiai au moins
autant de fois l’itinéraire à venir (Tours-Bourges-Clermont-Ferrand-Le Puy),
Sandra me conduisit jusqu’au péage du sud tourangeau, directement sur l’axe de
Bourges. En passant, on prit deux autostoppeurs avignonnais qui se rendaient à
Bourges. Equipés d’une bouteille de rhum, ils se désolaient de ne pas pouvoir
picoler en faisant du stop mais comptaient bien sur leur soirée pour éponger
leurs souvenirs et leurs foies en dégustant du sanglier.
- Allez, titine, sortit Sandra en faisant rugir (quoique miauler serait
un terme plus adéquat) le moteur de sa R5.
Je trouvai
drôle ces noms génériques que l’on donnait aux choses, exposant mes
exemples : titine pour les voitures, popol pour les phallus et… non, je ne
trouvais pas d’autre exemple.
- Moi, la mienne, c’est Gilberte, dit l’un des autostoppeurs.
- Tu appelles ta bite Gilberte ?
- Non, ma voiture, c’est ma voiture qui s’appelle Gilberte !
Arrivés au
péage, j’embrassai goulûment Sandra : « C’est toujours comme ça
que je remercie mes conducteurs. »
Puis vint
l’attente. Peu de trafic, voitures pleines et n’allant pas dans notre
direction, il fallut un quart d’heure avant qu’on nous signalât qu’il était
interdit de rester au péage, que nous devions rebrousser chemin jusqu’au
rond-point, à cinq cent mètres de là. Je compris que c’était une idée
foireuse, me remémorai une route passant par Châteauroux et par le
rond-point sus-cité, vérifiant qu’elle était bien plus fréquentée, je m’y
engageai, ça me dégourdirait les jambes.
Les routes alternatives
Les trois
premières voitures ne m’emmenèrent que sur des portions assez courtes, une
quarantaine de bornes jusqu’à Perrusson. Là, je me fis prendre par un
quinquagénaire de retour de Bretagne et partant rejoindre sa femme à
Brive-la-Gaillarde. Sa playlist pour le moins éclectique était composée des
Clash, Santana, Mozart, Céline Dion, Mylène Farmer, Jeff Buckley, Verdi, Pink
Martini… plus ou moins dans cet ordre.
Arrivés à
Châteauroux et réalisant que je n’étais
pas à un détour près, j’acceptai sa proposition de poursuivre
jusqu’à Brive-la-Gaillarde pour être situé sur un axe réputé pour être passant.
Arrivés à Limoges, réalisant que ledit
détour ferait rien moins que 300 kilomètres, je révisai mon
jugement et me fis déposer à Panazol pour couper par une petite route en
suivant les panneaux Clermont-Ferrand.Même pas deux minutes d’attente avant que Karine « avec un K » me prît en stop après une légère hésitation et une poignée de main cordiale. Charentaise, animatrice et serveuse en boîte de nuit, Karine déteste les religions et pense que le monde est composé d’énergies spirituelles, a travaillé en usine mais comprend que certaines personnes s’épanouissent dans le travail à la chaîne, me fait tenir le volant quand elle roule ses clopes (encore que, piètre rouleur, c’est moi qui me suis proposé) et se rend à Clermont-Ferrand parce qu’elle a entendu que la cathédrale y était belle (ce que je ne manque pas de confirmer). Elle s’extasie devant tel faon, tel chat, tel écureuil bondissant d’effroi à notre passage et devant la nature en général, honnissant le progrès et l’homme destructeur de nature qui procure d’elle-même tous les soins nécessaires à l’humain. Je n’en jette plus, Karine, aussi jolie qu’hippie, me rappelait la Storm de Tim Minchin, et j’ai toujours beaucoup aimé les Storm.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire