dimanche 5 octobre 2014

Promenade Clermontoise et l'Ange de minuit

Promenade Clermontoise et conventions sociales
Âme adorable prête à dormir dans sa voiture, je lui proposai de demander à mes connaissances clermontoises si leurs portes pouvaient s’ouvrir pour la nuit. Ca faisait plus de deux ans que je ne les avais pas vues et ça tomberait à la dernière minute mais ça pouvait valoir le coup. Après quelques tweets de refus désolés, les vacances estivales tendent à voir les villes désertées de ses habitants, je lui indiquai la route à travers ville et souvenirs embués et nous nous garâmes au jardin Lecoq à côté duquel vivaient des amies, je reconnaitrais leur immeuble en passant devant. Censées déménager dans dix jours, elles passaient peut-être leurs derniers moments à l’appartement.
Il n’y avait pas signe de vie chez elles, je leurs envoyai un message au cas où et proposai à Karine de nous promener dans la ville noire en attendant une réponse. Comme il était 22h, je ne comptais plus arriver au Puy à une heure décente. De toute façon, on ne m’attendait pas avant le matin. Nous passions par le vieux centre, admirions la cathédrale puis arpentions la place Jaude. Karine en profita pour envoyer un message « CLERMONT C’EST TROP BEAU !!! » à un local rencontré quelques jours plus tôt, même qu’ils avaient fait du catamaran ensemble. Je soulevai l’option « demander au garçon s’il pouvait l’héberger » mais elle ne voulait pas déranger.
Au même moment, je reçus un message d’une des amies dont j’avais vanté les mérites :
« Tu sais, je ne suis pas très douée avec les conventions sociales, mais je crois que demander le gîte à quelqu’un qui est en plein déménagement, c’est à la limite du foutage de gueule. »
Un temps. Je relus. Soufflé par la violence du propos, je considérais les fois où j’avais hébergé des voyageurs dans des appartements où je n’avais pas de matelas, même pour moi, je ne reconnaissais pas l’amie que j’avais aidée lors de son précédent déménagement, même qu’elle m’y avait logé. Qu’elle ne fût pas emballée à l’idée d’héberger une inconnue, quand bien même j’en disais le plus grand bien, je le comprenais, mais l’argument des conventions sociales et du foutage de gueule me resterait en tête pour le reste de la soirée.
Heureusement, l’homme au catamaran se proposa spontanément d’offrir le gîte à la belle charentaise qui accepta de me conduire jusqu’à l’aire de service de Veyre, vingt kilomètres au sud. Il m’en restait 113 jusqu’au Puy, je pouvais dormir dans la station essence et espérer arriver pour 7h du matin, j’étais suffisamment proche. Je fis la bise à Karine, pas comme je remerciais tous mes conducteurs, nous échangeâmes Facebook et numéros en se disant qu’un jour, peut-être voyagerons-nous ensemble.
L’ange de minuit
Bien que prêt à sortir mon sac de couchage, je tentais de demander aux quelques conducteurs s’ils pouvaient m’approcher, on allait à Montpellier, Clermont, Paris mais pas au Puy. Après dix minutes, je consultai une carte pour constater n’être pas très loin de la nationale qui s’y rend directement et décidai qu’il serait plus facile de demander à y être déposé, quitte à passer la nuit dans un fossé, pour ne trouver au matin que des voitures qui iraient à la ville des pèlerins.
Sans grand espoir, je demandai à un homme qui sortait d’une voiture dans laquelle se trouvait femme et enfant, pas la meilleure cible aux alentours de minuit. Pourtant, Stéphane n’hésita pas à m’accepter dans sa voiture bien qu’il s’en allât à Perpignan. En pleine conversation téléphonique, je fis la connaissance de Stéphanie (« Stéphane et Stéphanie, ça s’invente pas. »), sa compagne asiatique, vietnamienne me dit-elle.

  • Ça ne se voit pas sur mon visage de blondinet aux yeux verts, répondis-je, mais j’ai aussi des racines asiatiques. Mon grand-père, que je rejoins demain pour le Chemin de Compostelle, est 100% vietnamien. C’est ma sœur qui a pris les gènes, l’an dernier en Thaïlande, tout le monde lui parlait thaï.
  • Au téléphone, j’entendais le conducteur prononcer des paroles bienveillantes : « Dites-lui bien de ne pas replonger dans son ancienne vie. C’est normal, monsieur, je suis ravi d’avoir pu aider. Maintenant, c’est à elle de se prendre en mains. »

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